Appel
L’année dernière, dans les premiers stades de la pandémie, les dirigeants se sont probablement crus très intelligents quand ils ont tenté de s’approprier le terme «solidarité».
Nous garderons nos distances. Nous nous isolerons. Nous penserons aux vieux et aux malades. Nous ne laisserons pas les travailleurs dans le secteur de santé et les soignants, surchargés de travail, s’encombrer davantage. Oui, il est important de prendre soin les uns des autres et de ne pas jouer avec la vie humaine.
Ce qu’ils cachent, cependant, c’est que c’est eux qui ont créé ces conditions d’inhumanité en premier lieu. Ils ont ruiné le système de santé, permis le dumping salarial et encouragé la privatisation. Ce sont eux qui ont fait passer les profits de quelques-uns avant la santé et les moyens de subsistance du plus grand nombre. Ce sont eux qui profitent de notre chômage et qui nous humilient ensuite chaque fois que nous nous rendons au Jobcenter.
Et puis ils essaient de nous vendre leurs maigres mesures en parlant de la solidarité. Ils prêchent la doctrine de la responsabilité individuelle, et puis, à chaque occasion, ils défendent les intérêts des entreprises et jamais les nôtres. Avec leurs escouades de policiers, ils maintiennent le système défini par l’argent et la propriété privée. Depuis le début de la pandémie, la classe dirigeante a construit un calme arbitraire et un état de surveillance permanente par le biais d’un grand nombre de règlements et de nouveaux pouvoirs accordés à la police et aux gardes-frontières afin d’étendre le contrôle, de renforcer les mesures et d’augmenter la violence à travers l’Europe.
Face à l’échec de leur système, le capitalisme, nous avons été obligés de nous isoler davantage les uns des autres. Quand nous perdons notre emploi, nous sommes quand même forcés à payer notre loyer. Beaucoup d’autres sont censés travailler des heures supplémentaires, renoncer à leur salaire et ainsi se ruiner la santé . On nous a fait attendre pendant des mois pour un peu d’argent qui, après soixante-dix ans de labeur à Almanya, devrait enfin être dû. Nous devrions mourir pour qu’ils n’aient à rendre de comptes. En fait, ils ne veulent pas que nous soyons solidaires, mais plutôt que nous fermions les yeux face à leur violence – une violence qui existe depuis bien avant la pandémie, mais qui maintenant est impossible de cacher. Nous ne le ferons pas.
Le fait que les dirigeants d’ici, dans leurs villas de Grunewald et leurs lofts de 240 m2 à Mitte, puissent mener leur vie libérale de merde et parler de responsabilité n’est possible que grâce à la surexploitation des travailleurs. Cela est particulièrement vrai pour la main-d’œuvre des femmes du Sud et des femmes migrantes ici, dans le centre impérialiste. Que ce soit dans l’industrie, les soins ou les tâches ménagères, la prospérité de l’Allemagne et de l’Europe occidentale est créée sur notre dos – le dos des travailleurs et des exploités ici et dans le monde.
Et n’oublions pas que ces lofts, dans lesquels ne vivent que très peu de personnes aujourd’hui, étaient autrefois des logements ouvriers pour un grand nombre de gens. Quelle réalité morbide nous vivons – où nos amis sont criminalisés pour leur sans-abrisme alors même que le sans-abrisme est créé par les dirigeants. Quelle situation intenable où nos amis migrants sont affectés de manière disproportionnée par l’inhumanité de la gentrification, du sans-abrisme et des expulsions.
Pendant trop longtemps, notre travail a été exploité, nos voix ignorées, nos communautés assassinées. Pendant trop longtemps, nos corps et notre existence ont été criminalisés afin de maintenir le système d’exploitation capitaliste, par le biais de nouvelles formes d’impérialisme toujours plus nombreuses.
Cependant, c’est notre survie et l’héritage de nos luttes qui entretiennent l’espoir d’un monde meilleur!
Et c’est pour ça que nous savons ce que signifie vraiment la solidarité ; à qui elle appartient! Nous vous invitons à marquer le coup avec nous le 1er mai et à perpétuer la tradition des luttes internationales et révolutionnaires de nos ancêtres et prédécesseurs!
Nous savons que nous n’avons que les uns les autres et que les fondations d’un nouveau monde ne peuvent être posées qu’ensemble. Il est donc temps de se battre, main dans la main! Ensemble: avec nos voisins, nos frères et sœurs, nos enfants, nos oncles et tantes, avec au premier plan nos camarades et amis migrants. C’est leur travail qui nous donne le pouvoir de mener la lutte des classes.
Nous ne laisserons personne nous vendre ce qui a toujours été à nous. C’est nous qui allons tout acquérir à partir de maintenant. Et nous reprendrons ce qui nous appartient: Notre solidarité les uns envers les autres, nos appartements, nos emplois, notre société, nos communautés, nos rues! Ne les permettrons pas de capturer notre solidarité ou notre ville! Nous opposerons avec une solidarité réelle et vécue leur système de vendre nos maisons, dans les luttes des locataires, pour l’expropriation de leurs sociétés immobilières sans compensation!
Venez, pour qu’en ce 1er mai, fête internationale des travailleurs, nous puissions remercier ceux qui, par leur travail, ont créé ce monde et rendront ainsi possibles les conditions d’un monde nouveau.
Venez nous rejoindre afin que nous puissions élever la voix dans toutes nos langues pour la solidarité historique de la classe ouvrière internationale!
N’oublions pas: Les applaudissements ne rendent pas notre travail quotidien plus facile à supporter, les acclamations depuis les balcons ne rendent pas la journée de travail plus courte. Pour être vraiment reconnaissants, nous devons changer les choses!
N’aliénons pas nos communautés – les communautés migrants de Berlin – de leur lutte. Trouvons une expression de solidarité qui nous inspire à lutter et nous rappelle la continuité historique des luttes ouvrières migrantes, diasporiques et internationales. N’oublions pas les sans-papiers parmi nous, ceux d’entre nous dont les corps et les existences sont criminalisés, ceux d’entre nous pour qui au cas d’une confrontation avec les flics seront expulsés. Alors trouvons de nouvelles perspectives pour la protestation, protégeons-nous les uns les autres, invitons tous les passants à rejoindre nos rangs. Nous sommes encore réceptifs à nos amis qui sont dans le besoin.
Car si nous avons réalisé notre situation, qu’est-ce qui pourrait nous arrêter?
Le prélude commencera sur la Hermannplatz à Neukölln probablement à 17 heures. La manifestation commencera donc ponctuellement à 18 heures via Sonnenallee, Kreuzberg et Oranienplatz.
Alliance révolutionnaire 1er mai Berlin